- fourbi
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• 1835 « jeu »; 1532 fourby; du rad. de forbeter, fourber « tromper, voler » (cf. fourbe); d'ab. « maraude, trafic, affaire »1 ♦ Fam. Ensemble des armes, des affaires que possède un soldat. ⇒ attirail, fourniment. Se mettre en route avec son fourbi. ⇒ bagage, fam. barda. — Les affaires, les effets que possède qqn. Tu ne vas pas emporter tout ton fourbi !2 ♦ Choses en désordre. ⇒ fouillis. « Qu'est-ce que c'est que ce fourbi ? Elle désigne, du menton, la malle, les vêtements, les cartons pêle-mêle » (Colette).3 ♦ Tout objet dont on ne peut dire le nom. ⇒ bidule, chose, machin, 1. truc.Synonymes :- attirail- barda (familier)- bastringue (familier)- bataclan (familier)Familier. Ensemble d'objets sans valeur ou sans utilité ; attirail.Synonymes :- bazar (familier)fourbin. m.d1./d Fam. Tout l'équipement du soldat.— Par ext. Les affaires de qqn. Il est venu avec tout son fourbi.d2./d Ensemble de choses hétéroclite.⇒FOURBI, subst. masc.Toujours au sing. coll.A.— 1. Arg. milit. Ensemble des armes, de l'équipement, de tous les objets que possède un soldat, et en particulier de tout ce qui se fourbit et s'astique. Astiquer son fourbi. Synon. paquetage (mod.), barda (fam.). Il (...) se remet à regarder son fourbi (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 188) :• Treillis, (...) manteau, veste, pantalon basané et bottes, (...) et képi (...) et schako avec gourmette et plumet dans son étui (...). Enfin je fus muni d'un jeu d'effets de pansage dans leur musette, en attendant les armes (...). Je descendais de corridor en corridor à ma chambrée, tout ce ,,fourbi`` pêle-mêle dans un sac sur mon épaule...PESQUIDOUX, Livre raison, 1925, p. 214.2. P. ext., fam. Ensemble des affaires, des objets ou des choses que possède une personne; objets de peu de valeur ou dans un grand désordre. Voilà ce que c'est d'avoir tant de fourbi! dit un ouvrier (...) qui assiste au débat [du pourboire, entre le petit bourgeois et les déménageurs] (RICHEPIN, Pavé, 1883, p. 69). Qu'est-ce que c'est que ce fourbi? Elle [Claudine] désigne, du menton, la malle, les vêtements, les cartons pêle-mêle (COLETTE, Cl. s'en va, 1903, p. 4). Il (...) se remet à regarder son fourbi (...) il a étendu sa toile de tente (...) et sur ce tapis, il a vidé et étalé le contenu de ses poches. Et c'est tout un magasin (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 188).3. Fam. [Pour remplacer un mot que l'on ne connaît pas, que l'on a oublié ou pour éviter une dénomination plus précise] Synon. chose, machin, truc. Nous cherchons le... machin, le... chose, quoi! le fourbi!... le truc, si vous préférez. L'homme comprit. Il lâcha le mot cru (COURTELINE, Train 8 h. 47, 1888, 2e part., 6, p. 160). Et n'oublions pas un coussin, un machin, un fourbi quelconque rouge potiron, pour quand je me baladerai tout nu dans le fumoir (COLETTE, Chéri, 1920, p. 116). J'ai travaillé avec ces outils-là (...). En sol maigre, c'est épatant (...). Je lui montre [au vendeur] les crochets d'attelage qui sont très souples et c'est parfait pour le plat. Mais qu'il se représente son fourbi attelé ainsi dans un terrain qui monte (GIONO, Gds chemins, 1951, p. 61).B.— Affaire, situation embrouillée, compliquée; remue-ménage; trafic malhonnête. Loubet avait avisé (...) une petite ferme (...) où il lui avait semblé distinguer tout un gros commerce. Il appela Chouteau et Lapoulle, en disant : — Filons de notre côté. J'ai idée qu'il y a du fourbi, là-bas (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 88). Il avait forgé une histoire admirable, un fourbi de secrètes accointances avec un mystérieux monsieur (COURTELINE, Ronds-de-cuir, 1893, 2e tabl., 3, p. 83). Dès dix-sept ans je vous aurais répondu comme aujourd'hui :« Amitié, oui. Amour, extases, tout le fourbi : trop tard » (MONTHERL., J. filles, 1936, p. 970).♦ Fourbi arabe, casse-tête. Affaire désordonnée, compliquée, particulièrement ardue. Y en a, tout partout du populo! C'est un fourbi arabe pour passer (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 28). Elle arrivait pas à la somme... C'était un vrai fourbi casse-tête! Il manquait toujours des vingt francs, vingt-cinq ou trente-cinq (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 353).♦ Connaître le fourbi (vieilli). Être au courant de moyens astucieux et souvent malhonnêtes pour arriver à ses fins; savoir se débrouiller, se tirer d'affaire. Synon. plus cour. connaître la combine, la musique. Il [le capitaine Marjalet] faisait sa tournée à pas lents, rétablissait d'un coup de poing ou d'une secousse la régularité d'une charge (...) en vieux soldat sorti des rangs et qui connaît le fourbi du métier (COURTELINE, Train 8 h 47, Jusqu'à la gauche, 1884, I, p. 166).Prononc. :[
]. Étymol. et Hist. 1. a) 1542 fourby « sorte de jeu de cartes » (RABELAIS, Gargantua, éd. M. A. Screech, var. entre 99 et 100 de l'édition E); b) 1835, 20 sept. arg. « jeu frauduleux » ([RASPAIL], Réf. pénit., p. 2); 2. [1861 « trafic malhonnête » ds ESN.]; 1872 « friponnerie » (LARCH. Suppl.); 3. 1886 arg. milit. (COURTELINE, Gaîtés Esc., p. 10 ds SAINÉAN, Lang. par. p. 69); 4. a) 1883 « choses en désordre » (RICHEPIN, loc. cit.); b) 1888 « tout objet dont on ne peut dire le nom » (COURTELINE, loc. cit.). Part. passé subst. de fourbir; on notera que le sens 3 est dû à l'infl. sém. de fourbir, absente dans tous les autres sens. Fréq. abs. littér. :42. Bbg. SAIN. Arg. 1972 [1907], p. 278.
fourbi [fuʀbi] n. m.ÉTYM. 1532, Rabelais, fourby « jeu de Gargantua », sens inconnu (rattaché à l'idée de « vol » ou métaphore obscène sur fourbir « frotter » ?); repris en 1835, Raspail, « jeu », puis « jeu frauduleux, mauvais jeu » (1840), in Esnault; les sens mod. dérivent de l'idée de « trafic malhonnête » (mil. XIXe, argot milit.) et de « choses volées »; de fourbir au sens fig. de « voler » (forbir, v. 1223) → Laver, nettoyer, même métaphore; hypothèse appuyée par l'existence d'un verbe forbeter (XIIIe) « tromper », par l'ital. forbo, etc.❖1 (1893, argot de Saint-Cyr; croisé avec le rad. de fourniment, et suff. pop. -bi; p.-ê. aussi de fourrier; une remotivation par le sens mod. de fourbir « astiquer » est possible). Ensemble des armes et du matériel d'un soldat. ⇒ Attirail; barda. || « Joyeux, fais ton fourbi » (chanson des Bataillons d'Afrique). || Fourbis, œuvre de M. Leiris (dont le principal épisode se passe dans l'armée, en Afrique du Nord).1 (…) ces soldats de France, engoncés, sous ce ciel impitoyable, dans les épais vêtements de drap, sans aucune acclimatation, sans aucune préparation, traînant leur fourbi dans leurs sacs de poil (…)Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, Ascension de Bonaparte, XVI.♦ Affaires, effets, choses (que possède qqn). || Il faut que je transporte tout mon fourbi. — Choses en désordre. || On ne s'y reconnaît pas, dans ce fourbi ! || Tu parles d'un fourbi !2 Et je suis si contente de voir tout mon petit fourbi là, sous mes yeux, bien en ordre.Colette, la Fin de Chéri, p. 168.2 Chose, objet quelconque (dont on ne peut ou ne veut pas dire le nom). ⇒ Bidule, chose, truc. || Qu'est-ce que c'est que ce fourbi ? || Un fourbi arabe (l'adj. n'ayant pas de valeur précise).3 (…) nous cherchons le… machin, le… chose, quoi ! le fourbi !… le truc, si vous préférez.Courteline, le Train de 8 h 47, II, VI.B (1850, Esnault, « emploi, poste [au bagne] », répandu fin XIXe, sous l'infl. du sens A.). Vieilli. Opération, combinaison compliquée ou indélicate. || Connaître le fourbi (vieilli) : savoir se débrouiller.4 Il avait forgé une histoire admirable, un fourbi de secrètes accointances avec un mystérieux monsieur que sa discrétion naturelle lui interdisait de citer (…)Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, 2e tableau, III.5 Il l'avait reçu chez lui à dîner. Ils avaient dû en combiner des fourbis. Cet Hubert est un malin.Aragon, les Beaux Quartiers, I, XV.
Encyclopédie Universelle. 2012.